1 octobre – Mayenne Bois Energie
Parigné-sur-Braye (Mayenne) – Rencontre avec les acteurs de la SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) Maynne Bois Energie…
Son action
Mayenne Bois Energie développe sur le territoire une énergie locale et renouvelable qui permet la valorisation du bois des haies et l’insertion sociale. Extraits du site internet de la coopérative :
Mayenne Bois Energie est une coopérative mayennaise regroupant fournisseurs de bois et clients autour des valeurs de gestion et de préservation du bocage par sa valorisation en bois énergie, dans une logique de circuit court. Créée en 2008 à l’initiative du Pays de Haute Mayenne et de la société civile, Mayenne Bois Énergie est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) qui regroupe ses fournisseurs, ses clients, ses salariés, des collectivités locales et des partenaires techniques de la filière bois énergie. En 2012, pour répondre à l’attente des territoires, elle étend son rayon d’action sur l’ensemble du département. Les sociétaires sont répartis en 5 catégories : fournisseurs de bois, usagers, EPCI, partenaires techniques et salariés. Mayenne Bois Énergie est passée de 32 sociétaires, à sa création en 2008, à 181 sociétaires en 10 ans. (Chiffres 2019).
Ce qu’ils retiennent de la journée
Des résonances avec nos travaux
Avec tous les collectifs que nous rencontrons désormais, nous reprenons dans notre journal d’itinérance trois points clés que la rencontre a permis d’explorer et de questionner.
Nous avons eu aujourd’hui une très belle rencontre, émouvante et riche, et dont l’utilité à la fois pour l’InsTerCoop et pour MBE53 est évidente. La vidéo de clôture ci-dessus met en avant de manière très explicite les enseignements du collectif, notamment sur le temps nécessaire à la digestion et à l’appropriation par les acteurs afin qu’ils puissent devenir co-auteurs, ou sur l’attention nécessaire à la place qu’on prend et celle qu’on laisse accessible à l’autre…
Karine dans la vidéo met en avant un autre élément essentiel, que l’on perçoit souvent en côtoyant des collectifs déjà anciens : la nécessité d’entretenir, au long cours, le processus coopératif. Mayenne Bois Energie s’est créée sur une démarche volontairement coopérative dès le départ, voulant associer de manière large, les acteurs de l’écosystème du bocage mayennais. C’est grâce à cette coopération que la SCIC est née. C’est aussi grâce à cette coopération qu’elle a pu surmonter les difficultés inhérentes à la complexité d’un tel projet. Et comme Karine l’exprime, peu à peu, l’administratif et le technique peut prendre le pas et risque de mettre en arrière-plan la coopération. Si on n’y prend garde, la collaboration – le fait de travailler ensemble – peut alors détruire la coopération : nous ne sommes plus co-auteurs de l’oeuvre commune. La coopération s’entretient. Notre chronique d’hier traite de « la coopération en soi »: si la coopération est indissociable du projet, de la même manière qu’on fait vivre le projet, il faut faire vivre la coopération et entretenir sans relâche, le processus coopératif.
Cette remarque nous permet d’évoquer la question de la « coopération ouverte ». MBE53 est dans une approche d’ouverture la plus large possible, de manière à intégrer l’ensemble de l’écosystème dans l’action de la SCIC. En témoigne l’évolution du nombre de sociétaires, passé de 32 à 181 en 10 ans. Mais cela évoque une question, en lien avec le point ci-dessus sur l’entretien du processus coopératif : comment ouvrir le collectif et conserver un processus effectivement coopératif ? En d’autres termes, comment faire des nouveaux acteurs qui rejoignent le projet, de véritable co-auteurs (et pas de simples collaborateurs) ? Comment faire pour que la coopération du premier cercle irrigue de la même manière le deuxième cercle ? C’est lorsque cette capacité à ouvrir et à élargir la coopération que l’on peut effectivement parler de coopération inconditionnelle.
Enfin, le troisième élément que nous souhaitons mettre en avant est le lien entre coopération et apprentissage. Dans son livre « L’impasse collaborative », Eloi Laurent parle de la coopération comme le fait d’être « pédagogues les uns pour les autres ». Dans nos itinérances, nous avons clairement vu que les collectifs à forte maturité coopérative sont des collectifs « apprenants » : en coopérant, ils apprennent les uns des autres, et en apprenant les uns des autres, ils renforcent leur coopération. C’est même l’une des 4 caractéristiques marquantes des collectifs à forte maturité coopération (les trois autres, pour mémoire sont le partage du leadership, l’inconditionnalité de leur aptitude coopérative, et l’épanouissement individuel et collectif). A Mayenne Bois Energie, chacun des partenaires autour de la table dit à un moment, et avec ses propre mots, ce que Georges dit de la façon suivante : » Je viens parce que je sais que je vais apprendre ». Ce pourrait-être une question assez puissante de demander aux acteurs de vos propres projets coopératifs : qu’apprenez-vous ici ?