Institut des Territoires Coopératifs

23 Juin, De Salles-sous-Bois à Dieulefit (18 km)

Une fois arrivés là, pour aller plus haut, il faut commencer par redescendre… Métaphore, tirée des oeuvres de LaoTs’Anne, arrivée au sommet du Mont Rachas.

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Sous la surveillance du Mont Ventoux, nous partons tôt dans l’optique d’arriver à Dieulefit assez tôt, avant que la chaleur ne devienne étouffante. Au détour d’un chemin, nous ressentons à la fois sérénité et émotion en découvrant l’ancien prieuré d’Aleyrac et son église, Notre Dame la Brune, qui date du XIIème siècle. Le sol calcaire et sec est propice aux chênes verts truffiers. Comme depuis que nous sommes en Drôme provençale, de nombreuses truffières sont plantées çà et là. En montant le Mont Rachas (900m), on aperçoit au loin le champ d’éoliennes que nous avions traversé il y a quelques jours. Puis nous suivons longuement la crête jusqu’au col de Gorge d’Ane où nous entamons la longue descente vers Dieulefit. Là, une grande première nous attend : notre première expérience de séjour en roulotte. L’aspect extérieur évoque “La roulotte du bonheur”, le livre d’apprentissage de la lecture de Patrick… A l’intérieur : tout y est pour vivre et travailler à rattraper le retard du Journal d’Itinérance, retard dû au fil d’alimentation de l’un de nos ordinateurs qui a méchamment court-circuité ! Heureusement, avec un bon couteau-suisse, la réparation est assurée. Sauf que maintenant, nous n’avons plus de sparadraps : blessures interdites !

Héritage protestant – Accueil, tolérance, résistance

Depuis le début de notre itinérance, nous sommes marqués par le nombre de personnes que nous rencontrons qui ne sont pas originaires du territoire. Nous sommes également marqués par le fait que beaucoup de personnes des collectifs que nous rencontrons ont engagé une transition personnelle qui les a amenées sur ce territoire d’Ardèche ou du Diois. Pour qu’un tel phénomène existe, il a d’abord fallu que le territoire soit attractif bien sûr. Nul doute que le caractère retiré de l’Ardèche et sa faible densité de population sont des avantages évidents pour tous ceux qui souhaitent développer un mode de vie plus simple que celui que le modèle dominant de la société actuelle nous propose. Il a également fallu que les femmes et les hommes soient eux-mêmes accueillants, de manière à faire une place aux « néo », de leur permettre de s’engager et de s’épanouir sur le territoire. Il a aussi fallu qu’ils soient ouverts à la différence, qu’ils acceptent que ces « néo » aient des visions différentes des leurs, des intentions différentes, des modes de vie différents. Cela n’implique pas nécessairement de les partager et de faire ensemble, mais cela implique une acceptation de ce que l’autre représente. Tout au long du XXème siècle, ces terres ont été des terres d’hospitalité, particulièrement attentives à l’accueil des déshérités (des enfants notamment), mais aussi des persécutés. Cette tradition d’accueil trouve ses origines dans la forte culture protestante de ces territoires. La tolérance est également une valeur fondamentale du protestantisme, qui incite chacun à la quête personnelle de sens, à la responsabilité individuelle, à la liberté de conscience et au partage de la connaissance. En 1939, Dieulefit compte 2500 habitants. A la Libération, le nombre d’habitants est double, tant Dieulefit a accueilli de réfugiés, de juifs, d’intellectuels ou d’artistes. Il n’y eut aucune dénonciation. Cet espace d’accueil et de tolérance est propice au développement d’initiatives et d’expérimentations qui font la richesse que nous découvrons dans cette itinérance.

L'InsTerCoop est un laboratoire d’action-recherche sur le processus coopératif, et un centre de ressources et de ressourcement au service des personnes, des organisations et des territoires pour croître en maturité coopérative et faire de la coopération une source de développement et d’épanouissement.