25 octobre 2018 – La marche pour faire l’apprentissage de la complexité et de la compréhension humaine
13 kms entre Is-sur-Tille et Selongey
La marche pour faire l’apprentissage de la complexité et de la compréhension humaine
La marche nous permet de ré-apprivoiser nos propres repères. Marcher au long cours demande de prêter une attention particulière aux signaux faibles de notre propre corps, ceux qu’on laisse de côté les trois-quarts du temps : suis-je en apnée de temps à autre sans même y penser ? suis-je essoufflé ? y a-t-il synchronisme entre mon pas et ma respiration ?
La marche nous réapprend, par la force des choses, à tenir compte de ce que l’on sent. Elle nous met dans une attention augmentée. Cette attention augmentée nous permet de saisir le territoire qui nous entoure : c’est un point que nous développons souvent. Elle nous permet également de porter une attention augmentée à nous-même, à notre propre métabolisme. C’est un exercice très intéressant, riche d’enseignement, et dont on a besoin pour mailler compréhension humaine et compréhension intellectuelle : percevoir nos signaux faibles, en discerner la source, et trouver un nouvel équilibre.
La pratique de la marche afghane nous a sensibilisée au synchronisme entre la respiration, le nombre de respirations, les pas, le nombre de pas par respiration, la longueur du pas, sa vitesse… Tous ces éléments sont liés entre eux. Allonger ou réduire très légèrement le pas peut provoquer instantanément l’essoufflement. De même, respirer un peu plus vite sans modifier son pas va vite se faire sentir en termes de fatigue. C’est toujours le souffle qui pilote, mais tous les éléments de ce système sont interdépendants, liés entre eux dans des chaînes récursives. Modifier l’un des éléments provoque immanquablement un changement sur les autres.
Dans les systèmes coopératifs, c’est pareil : nous en avons parlé dans une autre chronique de ce journal en soulignant par exemple le lien entre l’objet d’une coopération (par exemple le partage de matériel) et la manière de vivre la relation de coopération. Tant que l’on ne perçoit pas en soi, ces liens récursifs, il est très difficile de les voir à l’extérieur de soi, chez l’autre, ou dans les systèmes dont nous faisons partie. Si je ne suis pas capable de réaliser puis de prendre en compte, mon propre essoufflement par exemple, il est impossible de repérer chez l’autre ce qu’il est lui, en train de vivre.
Accéder à la compréhension humaine c’est comprendre ce que vis autrui. Je ne peux y accéder sans commencer par comprendre ce que je vis moi-même. La marche nous permet l’apprentissage de la compréhension humaine.
Légende :
- La belle pierre de Bourgogne et les murs en pierre sèche. Allez faire un tour sur le site de l’Association des Artisans Laviers et Muraillers de Bourgogne
- Vestiges d’une époque où les trains étaient de proximité
- La forêt l’automne