29 Juin, de Saillans à Pontaix (16km)
A Saillans, nous partons de la “Place de l’Agora – Pero” ! Longtemps, les Trois-Becs restent bien visibles derrière nous. Puis, au Col de Véronne, changement de décors : c’est vers le Vercors que nous nous dirigeons maintenant, jusqu’à Pontaix, et ses ruelles anciennes.
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Démocratie collégiale – Nous passons par Saillans
Au départ de notre 32ème journée de cette itinérance sur les chemins de la coopération, nous passons par Saillans pour faire nos courses. Lors de la préparation de l’itinérance, nous avions contacté le conseil municipal du village, ainsi que le conseil des sages. Malheureusement, ils n’avaient pas la disponibilité pour accueillir notre Observatoire de l’Implicite, compte-tenu du temps dont nous souhaitons disposer pour « gratter » les couches successives qui nous séparent du cœur même des projets coopératifs : les rouages profonds de la coopération. Dommage, car cette expérience inédite de démocratie collégiale, que Rue89 relatait en 2014 sous le titre « A Saillans, les 1 199 habitants ont tous été élus au premier tour » nous intéressait.
Les gens que nous croisons nous demandent souvent ce que l’on fait. Cela se passe comme cela à la superette du village. En quelques mots, nous présentons notre travail et notre démarche, et le commerçant nous dit « Ici, nous sommes tous maires ! » et ajoute « Vous devriez discuter avec eux » en désignant un groupe de personnes en train de prendre leur café du matin en terrasse. Puis il appelle Jean-Christophe, l’un des artisans de l’épopée de Saillans avec qui nous entamons le dialogue.
Il nous expose la genèse du projet, 4 ans avant les élections municipales. Comment un petit groupe de personnes ont monté une stratégie qui débouche aujourd’hui sur cette expérience de gestion collégiale d’une collectivité : la phase de cristallisation autour de la lutte contre un projet municipal, le choix du rejet du supermarché comme support de cette opposition, la phase d’élargissement, pour construire un collectif rassemblant des personnes diverses, opposées ou même en faveur du projet initial, et peu à peu la phase d’élaboration d’une alternative politique qui débouche sur l’élection municipale. L’histoire que Jean-Christophe nous raconte met en avant une construction stratégique, à l’inverse de beaucoup de collectifs que nous avons rencontrés et qui se sont construits de manière organique, et souvent dans la durée. Dans son propos, Jean-Christophe souligne également les travers et les écueils qu’il observe et qui pourraient devenir des limites de l’expérience : la désillusion des uns, le rapport au pouvoir inchangé d’autres, la compétence construite qui légitime pour certains de garder leur place… et tant d’autres réactions bien humaines. C’est échange, somme toute assez rapide, nous interpelle, tant nous entendons des échos et des résonances avec nos collectes d’itinérances.
Sur la part visible et la part invisible d’abord : Lorsque l’expérience de Saillans est relatée, c’est souvent dans les fonctionnements, les manières de faire, l’expression visible d’une transformation profonde. Là autant qu’ailleurs, ce qui nous intéresse serait d’observer les parts cachées, les motivations profondes qui sont à la source de ces engagements.
Sur l’histoire que l’on raconte ensuite : On observe fréquemment, particulièrement dans le cas d’expériences positives devenues exemplaires, un écart entre l’histoire que l’on raconte et l’histoire vécue par les acteurs. Or, ce décalage n’empêche-t-il pas de comprendre vraiment ? Tirer enseignement des expériences requiert de distinguer les deux.
Sur le lien entre transformation personnelle et transformation sociale enfin : Jean-Christophe le confirme, le fait de vivre collectivement cette aventure de collégialité a une influence sur la transformation personnelle des acteurs. Ou plutôt, de certains acteurs. Or, le succès durable du collectif est totalement dépendant de ces évolutions individuelles. Comment le collectif se saisit-il de cette question ? Comment organise-t-il l’échange qui permet la nécessaire conscientisation du besoin d’évolution de chacun ? Comment les acteurs eux-mêmes s’emparent-ils de ces réflexions. Sans doute, les expériences d’habitat groupé seraient-elles des sources d’enseignement très riche pour Saillans et ce type d’expérience.