3 octobre – GAL de Haute Mayenne
Mayenne – Rencontre avec les acteurs du GAL (Groupe d’Action Locale) de Haute Mayenne…
Son action
Un groupe d’action locale ou GAL est un ensemble de partenaires socio-économiques privés et publics installés dans des territoires ruraux et chargés de la mise en place d’une stratégie de développement organisée en accord avec le programme européen Leader. Le GAL regroupe des élus locaux et des représentants d’établissements publics, des entreprises, des chambres consulaires ou des associations (source wikipédia).
Le GAL de Haute Mayenne regroupe les 4 EPCI (Établissement public de coopération intercommunale) du nord de la Mayenne : les communautés de communes de l’Ernée, du Bocage Mayennais, du Mont des Avaloirs et Mayenne Communauté.
Le GAL, souvent aux côtés d’autres acteurs, est à l’origine de nombreux projets sur le territoire : le festival Croq’ les mots, marmot !, un projet culturel autour du livre et du tout-petit, la SCIC Mayenne Bois Energie où nous étions avant-hier (voir la chronique), des initiatives autour de la mobilité, de l’économie circulaire, de la rénovation de bâtiments publics de qualité énergétique et environnementale, des circuits courts alimentaires et de la restauration collective en produits bio et locaux…
Autour de la table ce matin : des élus locaux, des directeurs des services, des responsables associatifs, un banquier, un agriculteur… tous acteurs de leur territoire.
Ce qu’ils retiennent de la journée
Des résonances avec nos travaux
Avec tous les collectifs que nous rencontrons désormais, nous reprenons dans notre journal d’itinérance trois points clés que la rencontre a permis d’explorer et de questionner.
Il est parfois difficile de nous limiter à trois points saillants, tant nos rencontres sont riches. Plusieurs fois dans la journée (et déjà lors de la soirée d’hier), les acteurs autour de la table ont fait référence à « la méthodo du GAL », qui consiste à associer tous les acteurs concernés par le projet à mettre en oeuvre : ce fut le cas pour Mayenne Bois Energie, pour le festival Croq-les-mots, ou les initiatives sur les cycles courts. C’est à nouveau le cas sur le projet mobilité. Nous disons souvent que la coopération est l’expression sociale de la complexité, au sens où traiter un sujet complexe (c’est à dire dont les différents aspects sont tous liés les uns aux autres) requiert d’associer l’ensemble des parties prenantes dans l’élaboration de la réponse. Elles deviennent alors co-auteurs de cette oeuvre commune. Eric souligne à la fin de la vidéo ci-dessous que le territoire regorge de « forces vives ». Nous pensons que c’est la « méthodo du GAL », la coopération, qui donne aux acteurs cette force de vie : elles deviennent vivantes parce qu’elles sont mises en lien. Mais le processus est fragile. Durant la rencontre, des acteurs de la société civile exprimaient leur difficulté à trouver leur place dans cette coopération territoriale. Et Katia, dans son témoignage, exprime bien ce phénomène naturel et normal des acteurs du quotidien : même ce qui est explicitement voulu fini peu à peu, par tomber naturellement dans l’implicite. On souhaite associer les citoyens, mais on peut finir par se retrouver à décider seuls, entre la DGS (Directrice Générale des Services) et le Maire. La coopération n’existe que si elle est décidée. Elle ne demeure que si elle est entretenue, ce qui nécessite une vigilance de chaque instant : que chacune des parties prenantes sache se saisir des signaux faibles qu’elle peut percevoir, qu’elle ait l’espace pour les partager, et qu’elle soit accueillie de manière constructive par le collectif. Et Shakespeare nous le rappelle : Ne tuons pas le messager !
D’ailleurs, le GAL Haute Mayenne a vécu récemment l’expérience de ce phénomène. Sa démarche de coopération est ancienne et s’est progressivement institutionnalisée. En 2002 le Pays de Haute Mayenne est constitué pour porter ce dynamisme territorial. Mais en 2016, la structure est dissoute, dissolution particulièrement mal vécue par les personnes qui s’y sont engagées fortement. Pourtant lors de la rencontre, les présents n’hésitent plus à parler de la fin du Pays comme d’une chance, une opportunité qui a permis de refonder la coopération sur le territoire : « On ne coopérait plus à cause de cet outil qui pourtant avait été créé pour coopérer ! On a été contraint à coopérer, ce qui est antinomique. Après 20 ans de coopération forcée, on venait aux réunions mais sans vouloir y venir. » Soyons vigilant aux outils qui visent à automatiser la coopération, à la généraliser, à l’instituer. La coopération est un processus vivant et dynamique. Guy évoque le nécessaire travail sur la « coopération en soi » (voir à ce sujet notre chronique). Et dans la vidéo, Eric évoque l’un des outils que nous mobilisons lors ces rencontres : la montgolfière. Il souligne avec beaucoup de justesse que ce n’est pas l’outil qui produit le résultat, mais le silence que l’outil a permis, qui à favorisé l’introspection des participants. L’outil est utile et souhaitable que si on s’assure qu’il n’empêche pas les apprentissages et permet donc à la personne de faire le chemin nécessaire. La coopération ne s’institutionnalise pas. Elle se fonde et se refonde sans cesse pour rester vivante. Et les outils de la coopération sont utiles s’ils sont réellement au service du processus de refondation permanente, au niveau individuel comme au niveau collectif.
Le troisième point que nous souhaitons relever de la journée concerne le rôle de la colère. Dans l’émergence des mobilisations citoyennes et associatives sur le territoire de la Haute Mayenne, une date est importante : En mars 2000, 5000 personnes manifestent à Laval et 3000 à Bais. Elles s’opposent à l’implantation d’un site d’enfouissement de déchets nucléaires. Dans les semaines qui suivent l’annonce du projet, 44 associations sont créées, et regroupent plus de 8000 adhérents… De cette mobilisation « contre un projet », sont nées beaucoup d’initiative « pour des projets ». La colère pousse à agir… et la coopération permet de transcender la colère en énergie créative. C’est le sens de la dialogie « entre lutter contre et aller vers » qui est l’un des principes d’action de la coopération constitutif de la maturité coopération. Le témoignage d’Arnaud dans la vidéo illustre ce point : vivre un processus de coopération-totale, avec des acteurs engagés, permet d’allier et de rééquilibrer l’énergie du « lutter contre » et la créativité du « aller vers ».