Institut des Territoires Coopératifs

4 juillet – Pôle Sud – Groupe Archer (Romans sur Isère)

Le parcours initial de notre itinérance comprenait 12 rencontres et devait se terminer avec Graine de Savoir, à Die. Durant la phase de préparation, d’autres collectifs avaient été sollicités avec lesquels nous n’avions pas pu organiser la rencontre suivant notre protocole, qui est effectivement exigeant : une soirée et une journée de travail, avec les principaux acteurs du collectif qui porte le projet.

L’un de ces collectifs contactés était “Pôle Sud”, le Pôle Territorial de Coopération Economique organisé autour du Groupe Archer à Romans sur Isère. Mais si nous n’avons pas pu “dérouler” notre protocole, nous avons passé quelques heures avec son PDG, Christophe Chevallier, devant la gare de Valence, avant de clore notre itinérance. Après avoir présenté Pôle Sud, Christophe a répondu aux questions qui constituent la première des 4 étapes de notre protocole, pour accéder à la part implicite des projets de coopération. De ce premier échange, nous tirons déjà des enseignements qui viendront compléter les principes d’action en cours d’élaboration, et principalement dans 3 directions.

Parmi les sujets évoqués avec l’équipe qui nourrissent les principes d’action :

Pour Christophe, la force du système n’est pas dans le système créé, mais dans la vie informelle qui s’y déroule. Ceci renforce notre conviction que les conditions de réussite des projets coopératifs sont d’abord à rechercher (et à construire) chez les femmes et les hommes qui portent ces projets, leurs motivations, leurs valeurs, leurs raisons d’être. L’expérience du Groupe Archer conforte le positionnement de l’InsTerCoop : c’est en travaillant au niveau de la relation inter-personnelle et de la relation intra-personnelle que nous pourrons avoir l’impact le plus significatif sur la propagation de l’esprit coopératif. Cette expérience enrichit également le principe de construction organique plutôt que stratégie, que nous voyons clairement sur les expériences qui durent dans le temps (voir Ardelaine, Viel Audon, ainsi que les expériences d’habitat partagé).

L’un des changements de posture qui a permis au Groupe Archer de se développer et surtout de multiplier l’impact qu’il pouvait avoir sur le territoire, en termes de création d’activité ou de réduction du chômage, a été de passer d’une posture humanitaire à une posture humaniste. Pour faire court, passer d’une culture où l’on cherche à “sauver” l’autre, à une posture où chacun participe à un système dans lequel il contribue et permet à l’autre de se développer. Nous retrouvons ici l’un des points importants soulevé lors de notre rencontre chez Ardelaine : Faire avec, plutôt que faire pour. Les implications de ce constat sont importantes : combien de nos dispositifs d’accompagnement – économiques, sociaux, culturels, éducatifs… – reposent sur l’idée de “faire pour” ? Sans doute avons-nous sur ce point un travail important à fournir pour élaborer des principes d’actions plus féconds.

Notre échange avec Christophe a également mis l’accent sur la question de la place, question récurrente dans les projets collectifs et souvent approchée, par une porte ou une autre, dans ce journal. Accepter de se faire dépasser par le projet (même s’il s’agit de “son projet”), est une question centrale pour faciliter le changement d’échelle. Comme le souligne avec justesse Christophe :”Mon intuition est que, à un moment j’ai tiré, mais que je pourrais finir par devenir le frein”. Et de répondre avec une certaine malice : “Je sais que je suis au bon endroit… lorsque je sais que je pourrais ne pas y être”.

L'InsTerCoop est un laboratoire d’action-recherche sur le processus coopératif, et un centre de ressources et de ressourcement au service des personnes, des organisations et des territoires pour croître en maturité coopérative et faire de la coopération une source de développement et d’épanouissement.