Marcher, Parler, Penser
En lisant la première phrase de la quatrième de couverture du dernier livre de Roger-Pol Droit « Comment marchent les philosophes », nous ne pouvions qu’être interpellés ! :
Un peu plus loin…
et pour finir…
Finalement quel lien entre marcher, penser et parler : serait-ce le nécessaire déséquilibre d’un pied puis de l’autre, d’une idée qui en chasse une autre, d’un mot qui suit le précédent pour retrouver l’équilibre et le perdre à nouveau ? L’auteur pose le postulat de ce lien d’interdépendance et le décline au gré des marches des philosophes, où très vite les époques et les mondes se mélangent et nous montrent combien la marche ou la ‘non-marche’ sont d‘actualité dans notre quotidien d’humain du 21ème siècle.
Marcher, déambuler, mener une itinérance… : quelle que soit la manière de l’exprimer nous parlons d’une mise en mouvement qui est indissociable de notre capacité à penser et à élaborer notre discours. Aujourd’hui, l’accélération que nous avons imprimé dans notre société au fil des avancées technologiques et de nos manières de vivre au sens le plus large nous conduit à oublier l’importance du mouvement dans notre capacité à réfléchir. Le besoin d’immédiateté et de rapidité élimine le temps nécessaire à cette réflexion qui donne tout son sens à l’action.
La marche c’est donc aussi ce temps qui s’écoule, le territoire que l’on traverse et pénètre dans un rythme propice à la découverte. Également, c’est un espace ouvert à l’introspection et à la décantation, et pour finir, sans doute un merveilleux moyen de croiser, relier et marier compréhension intellectuelle et compréhension humaine, indissociable l’une de l’autre.
A l’InsTerCoop, la marche est au cœur de notre approche d’un territoire et des collectifs que nous y rencontrons. L’observatoire de l’implicite, pilier central de l’Institut a inscrit la marche dans son protocole de travail et c’est à pied que nous effectuons nos itinérances. Nous inscrivons réellement nos actions dans le mouvement, nous concrétisons ce postulat d’interdépendance entre marcher, penser et parler.
Nous ne sommes donc pas dans une simple randonnée dont le but tout à fait louable par ailleurs, serait de profiter de la nature et du grand air. Ce que nous faisons est tout à fait similaire dans le processus de mise en mouvement, au besoin qu’on certain.es de se lever quand ils sont au téléphone et d’accompagner leur conversation (réflexion, mots…) d’aller et retour comme si instinctivement ils savaient être ainsi plus disponibles à eux-même et à leur interlocuteur.
Si vous souhaitez aller, vous aussi à la découverte de cette lecture nous vous indiquons les références de ce livre : Comment marchent les philosophes, de Roger-Pol Droit, aux Editions Paulsen, octobre 2016.