Institut des Territoires Coopératifs

FAQ sur l’Observatoire de l’Implicite

Cette « Foire aux questions » tente de répondre aux questions que vous pourriez vous poser pour comprendre comment fonctionne l’Observatoire de l’Implicite. Les premières réponses sont générales, et les suivantes sont pertinentes si vous souhaitez accueillir l’Observatoire pour contribuer aux travaux et éclairer votre propre expérience de coopération.

A propos de l’Observatoire de l’Implicite…

Quelle est la démarche de l'InsTerCoop ?

Une démarche d’action-recherche-transmission au service des acteurs souhaitant développer leur capacité à faire émerger et entretenir des écosystèmes coopératifs. C’est en croisant les expériences des acteurs de terrain que l’InsTerCoop nourrit sa recherche sur le « comment coopérer ».

Pourquoi une attention particulière sur l'implicite ?

Les rouages de la coopération sont souvent mal appréhendés parce qu’étudiés en se limitant aux seules parts visibles et conscientes. On cherche par exemple à comprendre un projet de coopération par son contexte, ses objectifs, ses résultats, son système d’acteurs ou sa gouvernance… On décrit le « quoi » mais pas le « comment ». Mais les clés qui conditionnent la réussite (ou l’échec) d’un projet ne se trouvent pas en surface. C’est dans des couches plus profondes, entre les plis, qu’il faut aller chercher. C’est là que se trouve ce qui oriente l’action, les motivations des acteurs.

Aucun marin n’imagine partir en mer sans sa carte marine ! Sur ces cartes figurent des repères, invisibles car immergés, mais dont la prise en compte est essentielle pour naviguer en surface, suivre les courants, éviter les écueils. Apprendre à se saisir de cette dimension cachée, non-consciente, implicite est indispensable à la compréhension humaine de la coopération.

Qu'est ce que l'Observatoire de l'Implicite ?

L’Observatoire de l’Implicite vise à mettre en lumière ce qui fait la réussite (ou non) des projets coopératifs. C’est une démarche d’itinérance à la rencontre des praticiens de la coopération, quel que soit leur domaine : habitat partagé, coopératives d’énergie, pratiques alternatives d’enseignement, tiers-lieux, clusters d’entreprises, coopératives de production, projets de territoires…

Ces itinérances se font à pied sur plusieurs semaines, car la marche permet de s’imprégner du territoire. Elle donne le temps à sa découverte, à son appropriation sensible, ainsi qu’à l’introspection nécessaire pour sentir, comprendre et relier les interactions entre le territoire, les collectifs, et les hommes.

A quoi ressemble une itinérance ?

Une itinérance de l’Observatoire de l’Implicite dure entre 4 et 6 semaines, durant laquelle l’équipe de l’InsTerCoop (Anne et Patrick et parfois des accompagnateurs) va parcourir 300 à 400 kilomètres, et rencontrer entre 10 et 12 collectifs. Une douzaine d’étapes donc qui se déroulent de la façon suivante : une ou deux journées de marche pour rejoindre le  collectif, et faire émerger la part implicite du territoire, une soirée informelle d’échanges avec les membres du collectif, suivie d’une journée complète d’échange et de réflexion selon le protocole (très précis) de l’InsTerCoop. Avant de reprendre la route jusqu’à la nouvelle étape.

A ce jour, l’InsTerCoop a réalisé 7 itinérances dont les « journaux d’itinérance » sont accessibles en ligne

A quoi ça sert ?

Les trois premières itinérances menées en 2016 ont permis d’identifier 12 principes d’action de la coopération, qui sous-tendent ce que avons appelé la maturité coopérative. Ces travaux ont donné lieu à un rapport « Sur les chemins de la coopération » accessible en ligne.

Les quatre suivantes ont été organisées en 2018 et 2019 dans le cadre du projet « Le développement rural par la coopération », dans le cadre du programme « Mobilisation Collective pour le Développement Rural », mené par le Réseau Rural Français. Elles ont permis d’approfondir les 12 principes d’action de la coopération, de conceptualiser les 9 temps nécessaires au processus coopératif, et de voir comment un collectif peut autoévaluer sa propre maturité coopérative pour faire de la coopération un levier de développement.

Ce que les participants en disent

Vous pouvez trouver dans nos « journaux d’itinérance » un focus sur chacune des étapes que nous avons faite à ce jour (plus de 80), avec à chaque fois une présentation du contexte, nos réflexions à chaud, et une vidéo dans laquelle les participants évoquent ce qui a été utile pour eux. Les journaux sont accessibles en ligne ici

Participer à l’Observatoire de l’Implicite…

Quels collectifs peuvent participer ?

Vous êtes engagés dans une initiative collective ; vous pensez que l’aptitude à coopérer est nécessaire pour réussir votre initiative; et comme le renard du Petit Prince, vous avez conscience que l’essentiel est invisible pour les yeux et que c’est dans cette part implicite que les réussites et les échecs prennent forme: vous pouvez participer !

Nous ne cherchons ni l’excellence, ni les réussites exemplaires, ni l’innovation ou les projets aboutis… Nous cherchons simplement des personnes qui souhaitent explorer leur manière de coopérer pour progresser, qu’ils soient au démarrage, en plein croissance, en baisse de régime ou en phase de renouvellement.

Pour nous, les seuls critères sont logistiques : est-ce que notre chemin peut passer par chez vous, et est-ce que vous serez disponibles à la date où nous pourrions passer !  Quand on voyage à pied, ces contraintes-là deviennent les plus fortes.

Quels collectifs ont déjà accueilli l'Observatoire de l'Implicite ?

A ce jour, plus de 80 collectifs ont accueilli l’Observatoire de l’Implicite. Quelques exemples :

  • Dans le développement territorial
    • Pôle d’Équilibre Territorial et Rural du Pays de Langres,
    • Pôle d’Équilibre Territorial et Rural du Pays du Bocages, 
    • Pôle Sud, le Pôle Territorial de Coopération Économique de Romans sur Isère
    • Communauté de Commune en Bocage Bourbonnais
    • Le GAL du Pays de Haute Mayenne
  • Dans le domaine de l’insertion et de l’emploi :
    • Les Odettes, collectifs de femmes créant leur emploi en Ardèche
    • Nouvelle Équation, association de préfiguration d’un Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée à Joinville (Haute-Marne)
    • Coopélis, groupement d’économie solidaire à Auvillers les Forges
  • Dans le domaine de l’habitat coopératif :
    • Pour un Habitat Différent à Angers
    • Les Voisins Terre Pelle à La Roche-sur-Yon
    • Ecoravie à Dieulefit
  • Dans le domaine de l’économie et des entreprises coopératives
    • Ardelaine, en Ardèche
    • Eurofence à Doulevant-le-château (Haute-Marne)
    • CEFORA à Lamastre (Ardèche)
    • Les Artisans du Changement à Nantes,
    • Les CAE : CAE Bourgogne à Dijon, Appuy Créateurs à Clermont-Ferrand, et Coodémarrage à Laval
  • Dans l’agriculture
    • La CUMA de Condé dans les Ardennes
    • Les Agités du Bocal près de Dijon
    • Déchiq’Bois au sud d’Aurillac
    • Rhizome à Essay (Orne)
  • Des initiatives qui témoignent de la réappropriation par les citoyens des questions économiques et énergétiques
    • Le Retz’l, la monnaie complémentaire du Pays de Retz
    • Envie de Saveurs, une épicerie de centre-bourg pour recréer du lien social et favoriser les circuits courts,
    • les premières fermes éoliennes citoyennes en Pays de Redon et Pays d’Ancenis,
    • La GARE, un groupement d’acteurs ruraux en écoactivités sur le plateau de Langres,
    • La SCIC Mayenne Bois Energie.
  • Des initiatives à vocation éducative ou culturelle
    • La Maison de la Tour à Valaurie (Drôme)
    • Les Perspectives Voyageuses à Nantes
    • Le Viel Audon, village coopératif, à Balazuc
    • Rêves Ayons à Cébazat
    • Au foin de la rue à Saint Denis de Gastines
  • Des tiers-lieux
    • La Licorne à Saint Germain Lembron
    • La COcotte numérique à Murat
    • L’écloserie numérique à Boitron
    • El Capitan aux Tourailles
  • Et enfin des collectifs d’habitants, dans une démarche de mise à jour de l’implicite du vécu d’un territoire, en Lot-et-Garonne.
Qui réunir ?

Notre démarche est la rencontre d’un collectif d’acteurs. C’est vous qui déterminez les participants à la rencontre, afin qu’il puisse parler des façons de vivre le projet à partir des différents points de vue (administrateurs, salariés, bénévoles, bénéficiaires…). Pour des raisons pratiques, nous souhaitons limiter le nombre de participants à 12.

Combien de temps prévoir ?

Le protocole se déroule sur 2 temps : Un temps informel, le soir (de 18 à 20h par exemple) qui peut se poursuivre avec un repas simple « tiré du sac », et un temps formel, le lendemain, de 9h à 17h environ.

Il est important de s’assurer que l’ensemble des participants sont disponibles sur toute la tranche horaire, car le protocole est un temps de réflexion et d’échange en collectif uniquement : tout le monde vit la même chose, ensemble.

Comment ça se passe ?

Nous prenons tout d’abord le temps du lien, à l’occasion d’un moment convivial le soir de notre arrivée (goûter, apéro de fin de journée, repas commun…). Ce temps permet de découvrir votre projet, d’exposer notre démarche, et de répondre aux questions des uns et des autres.

Puis, nous vous proposons de travailler ensemble la journée du lendemain, suivant un protocole précis : ce n’est pas de votre projet en lui-même que nous parlerons, mais de votre façon de vivre ce projet. Nous vous inviterons à explorer et à formuler votre chemin d’expérience de la coopération.

Pour quels bénéfices ?

Lors des échanges, les collectifs que nous rencontrons mettent souvent le doigt sur des clés de compréhension des difficultés qu’ils traversent. Ils imaginent comment aborder autrement les choses, et les changements nécessaires pour relever ces difficultés. Ainsi, notre protocole a montré qu’il permettait de produire une connaissance nouvelle sur la coopération, mais également de mettre les collectifs rencontrés dans une démarche d’amélioration immédiate de leur manière de coopérer, et d’amorcer le développement de leur « maturité coopérative, dans une boucle continue « action-recherche-re-action ».

Quel usage est fait des matériaux récoltés ?

Les matériaux récoltés lors de nos rencontres alimentent nos travaux d’action-recherche sur le processus de coopération, et notamment l’exploration des parts implicites de ce processus. Grâce au 30+ premières rencontre (2016-2018), nous avons conceptualisé ce que nous appelons la « maturité coopérative », qui repose sur 12 principes d’action de la coopération que nous avons vus à l’œuvre dans tous les collectifs rencontrés (voir notre rapport de recherche). Pour la période 2018 – 2020, les 30+ rencontres ont permis aux acteurs d’auto-évaluer leur propre maturité coopérative, et d’approfondir les 12 principes d’action. Durant cette période, nous avons également pu identifier les 9 temps nécessaires au développement du processus coopératif. 

Peut-on accompagner l'Observatoire de l'Implicite ?

Oui : de plus en plus de développeurs et d’animateurs de projets coopératifs accompagnent l’Observatoire de l’Implicite pour s’approprier par modélisation, son protocole de compréhension élargie, de compréhension humaine, des territoires et des organisations. Accompagner l’Observatoire de l’Implicite impose au minimum une présence de 2, idéalement 3 jours. Le premier jour permet de faire une partie de la marche de découverte de l’implicite du territoire aux côtés des itinérances et de participer à la rencontre informelle avec le collectif d’acteurs. La seconde journée permet d’assister à la rencontre en tant qu’observateur, un observateur qui partagera ses apprentissages en fin de journée. La 3ème journée permet de faire l’expérience de la marche de décantation qui suit une rencontre, avant de rentrer chez soi.

Lors des deux dernières itinérances, un vingtaine de personnes ont à chaque fois accompagné l’Observatoire de l’Implicite.

L'InsTerCoop est un laboratoire d’action-recherche sur le processus coopératif, et un centre de ressources et de ressourcement au service des personnes, des organisations et des territoires pour croître en maturité coopérative et faire de la coopération une source de développement et d’épanouissement.