Vers un nouvel outil de développement territorial
Les marins disposent de cartes indiquant les repères invisibles car immergés dont la connaissance est essentielle à la navigation. Aucun marin ne part en mer sans sa carte sous-marine. Lorsqu’il s’agit de développement territorial, savons-nous accéder et nous emparer de cette dimension-là ?
L’InsTerCoop a entrepris de rendre visible la part implicite qui anime les acteurs des territoires et des projets. Accéder à cet « implicite » est indispensable si l’on veut réellement « comprendre », au sens plein du terme, au sens que lui donne Edgar Morin, lorsqu’il parle de compréhension humaine, qui dépasse la compréhension intellectuelle des choses. Dans notre travail, nous nous concentrons donc au-delà des projets, des actions menées, ou des différents rôles, sur l’identité, les valeurs, les représentations, les croyances des acteurs du projet… En nous centrant ainsi sur la relation, celle que chacun a avec lui-même, et celle entre les acteurs, nous mettons à jour les rouages profonds qui façonnent et animent le territoire.
Lors de cette itinérance, en partenariat avec le Conseil Départemental de Lot-et-Garonne et le Comité Départemental du Tourisme, nous avons pu valider cette approche, et sa transférabilité à des chargés de mission de développement territorial. L’objectif de notre partenariat était double : D’une part, utiliser l’Observatoire de l’Implicite pour compléter d’autres travaux de concertation des acteurs professionnel du tourisme et d’élus territoriaux pour co-construire une stratégie de développement touristique du département, à partir des représentations de ses habitants, et de leur lecture de l’histoire du territoire, de sa sociologie, de sa géographie ou de sa culture. D’autre part, transférer aux agents territoriaux notre démarche d’accès à l’implicite afin qu’ils enrichissent leurs pratiques de développement.
Nous avons donc été accompagnés par 10 agents territoriaux et chargés de mission, par équipe de 2 à chacune de nos 8 étapes, afin qu’ils apprennent à accéder à la part implicite du territoire. Une telle expérimentation participe à l’essaimage du protocole que nous avons développé. Estelle et Stéphanie reviennent sur cette expérience.
Au-delà de l’objectif premier d’accéder à l’implicite du territoire, cette expérimentation a montré l’intérêt d’une démarche menée sur le terrain avec les acteurs du développement territorial. Ils ont pu ainsi s’approprier individuellement et collectivement les enseignements de l’itinérance, d’une manière beaucoup plus approfondie que le partage d’un rapport d’étude aurait permis.
Pour l’InsTerCoop, cette itinérance est dans la continuité de nos travaux. Notre intuition est que chaque territoire recèle de capacités singulières à l’émergence de pratiques coopératives. La capacité à les mettre en lumière, non pas à partir de projets déjà existants, mais directement à partir du territoire, serait déterminante pour faire émerger des projets coopératifs dans des territoires apparemment moins dynamiques ou prospères, que certains désignent comme des “zones blanches”. L’Observatoire de l’Implicite devient un outil essentiel de développement territorial.