22 mai – Michelin #2 : savoir faire avec
Deuxième chronique suite à notre visite de l’Aventure Michelin. Avant-hier, nous évoquions cette culture du « sachant-apprenant » qui fait partie de l’ADN Michelin. Aujourd’hui, c’est un autre élément que nous voulons relever.
Pendant la deuxième guerre mondiale, le Japon impose un embargo sur le caoutchouc naturel : la matière première manque au manufacturier. Pour Michelin, il est essentiel de pouvoir garder ses salariés occupés, et ce pour plusieurs raisons : d’une part, l’entreprise tient à accompagner socialement ses salariés, comme en témoignent les nombreuses innovations sociales de la firme. D’autre part, maintenir un niveau d’activité important des usines est un moyen de faire une sorte de rempart contre le Service du Travail Obligatoire, et ainsi permettre aux salariés d’y échapper. Enfin, c’est pour Michelin la garantie de pouvoir redémarrer l’activité au sortir de la guerre, et donc de préparer l’avenir.
Mais comment faire tourner des usines sans les matières premières habituelles ? En fabriquant d’autres produits ! L’entreprise va alors concevoir des produits qui répondent aux besoins très spécifiques de la population en ce temps de guerre et de pénurie : des semelles de chaussures, des imperméables, des jouets et trois produits phares : le landau, la très célèbre » remorque Michelin « , et des poêles à bois.
Cet épisode montre la capacité de l’entreprise à « faire avec ». Faire avec les difficultés d’approvisionnement, faire l’émergence de nouveaux besoins prioritaires, faire avec les personnes puisque ce sont elles que l’entreprise considère comme sa première richesse. La capacité à faire avec ce qui est sur le chemin est non seulement un atout pour faire face au présent, mais également pour préparer l’avenir.
Nous faisons un parallèle avec l’ouvrage de notre ami Jacques Lecomte sur « Les entreprises humanistes ». Il y raconte notamment comment la compagnie aérienne américaine South-West Airlines a été la seule avec Alaska Airlines a ne procéder à aucun licenciement après la crise du secteur aérien consécutive au 11 septembre 2001. Jacques montre dans son livre que ces deux entreprises sont celles qui avaient presque retrouvé leur valorisation en 2005 (respectivement 92 et 85%), alors que les compagnies qui avaient le plus licencié avaient perdu plus de la moitié de leur valeur.
Savoir faire avec est une des compétences clé de la coopération. Savoir faire avec les personnes est la seule façon pour aller vers la coopération inconditionnelle.
Notre étape du jour, 17kms entre Pont-du-Château et Lezoux, avec de belles vues sur la chaîne des Puys, et l’ancien couvent des minimes, à Beauregard-l’Evêque.