26 mai – la source de l’intelligence collective
Ce matin, l’un de nos contacts sur un réseau social professionnel que nous utilisons, publie un message reprenant le titre de l’ouvrage publié le mois dernier par Jean Staune « L’intelligence collective. Clé du monde de demain ». À première vue, l’ouvrage semble traiter plus particulièrement des nouvelles formes d’entreprises, et comme l’indique le sous-titre, comment changer la société en changeant le travail.
Sur notre chemin du jour qui nous fait arpenter la ville de Moulins, c’est le titre qui nous interpelle et qui évoque pour nous des réflexions contrastées. Depuis quelques années, il est étonnant de voir ce nouveau vocabulaire, intelligence collective, devenir à la mode, et être employé (et sans doute sur-employé) dans tous les univers, économiques, politiques, associatifs, alternatifs… Nous ne comptons plus dans notre réseau, les personnes qui se disent « spécialistes de l’intelligence collective », et celles qui partent en formation aux « outils de l’intelligence collective ».
De manière un peu provocante, nous nous demandons souvent s’il existe une intelligence qui ne soit pas collective. L’intelligence n’est-elle pas toujours le résultat d’une interaction entre des personnes, interaction consciente et voulue, ou inconsciente et pas nécessairement souhaitée. Quelle intelligence un esprit humain totalement coupé des autres pourrait-il développer ?
Lorsque l’on parle d’intelligence collective, parmi les très nombreuses définitions qui existe depuis les années 1960, celle de Pierre Lévy est souvent retenue. Pour lui, l’intelligence collective est « une intelligence partout distribuée, sans cesse valorisée, coordonnée en temps réel, qui aboutit à une mobilisation effective des compétences ». Un petit détour sur Wikipédia amène une autre dimension, qui prolonge ce que Lévy entend par « valorisée ». Pour Denis Cristol et Cécile Joly, l’intelligence collective désigne non seulement les capacités cognitives d’un collectif mais aussi « une finalité humaine caractérisée par un déploiement progressif et distribué des énergies, des corps, du pouvoir, des motivations, des visions ». Pour ces auteurs, « Sans prise en compte de son milieu, il n’y a pas d’intelligence collective ».
Vu sous cet angle, ça vaut effectivement la peine de chercher à développer l’intelligence collective. Mais comment ? Des outils d’animation vont-ils apporter les ingrédients nécessaires pour que fleurisse l’intelligence collective, tels que la communication ouverte, le respect, la confiance, la curiosité, l’engagement… Nous doutons qu’ils suffisent puisque ces ingrédients sont eux-mêmes bien mystérieux en fait : comment crée-t-on la confiance, la curiosité, le respect et l’engagement ?
Sur nos chemins depuis plusieurs années maintenant, nous avons identifié quelques clés, qui répondent précisément aux définitions croisées de Lévy, Cristol et Joly :
- Apprendre à partager nos subjectivités,
- Se considérer tous sachant-apprenant,
- Explorer qu’elle est notre finalité humaine, et notre œuvre commune,
- Interroger les récursions entre le singulier, le collectif et le milieu,
- Pratiquer cette gymnastique de manière dynamique.
Ceux qui connaissent nos travaux verront là une surprenante concordance avec les clés pour croître en « maturité coopérative ». La coopération permet d’être pédagogues les uns des autres. Elle produit donc l’intelligence collective, elle en est la source.
Pour développer de l’intelligence collective, commençons par apprendre à coopérer.
Aujourd’hui, nous rejoignons Moulins en voiture, conduit par Guy, notre documentariste qui nous a rejoint à Thiers, puis découvrons à pied cette belle ville de Moulins.