29 mars 2016 – Question de rythme
Pas de marche aujourd’hui ! C’est en voiture (merci à Muriel, notre hôte des Jardins de la Nonnerie) que nous rejoignons Aizenay. De là, nous prenons le bus pour arriver en milieu de journée à La Roche Sur Yon, terme de notre itinérance. Les derniers jours ont été difficiles à gérer, en termes de fatigue physique.
Avant le départ, nous avions planifié notre itinérance sur un rythme bien défini : des séquences de 2 jours avec 1 journée de rencontre, suivies de 2 journées de marche. La première semaine de notre itinérance, nous avons suivi scrupuleusement ce rythme, en en découvrant les vertus attendues. Sur le plan physique d’abord, il nous permet de reposer les muscles régulièrement, et évite des séquences de marche trop longues qui entraineraient une fatigue qui nuiraient à la qualité de notre écoute les jours de rencontres. Sur le plan intellectuel ensuite, il offre 2 temps essentiels à la suite d’une journée de rencontre : La première journée est un temps de “décantation”. La marche permet la pratique d’une sorte de méditation. En ce sens, elle est pour nous un allié précieux pour éviter l’analyse intellectuelle des échanges, qui nous ferait immanquablement remonter au niveau de l’explicite. Au contraire, elle nous permet de plonger dans l’implicite, en cherchant à “sentir” le sens des échanges plutôt qu’à les “comprendre”, pour reprendre la très juste citation du restaurateur de la Collégiale Saint Martin d’Angers (voir la chronique du 12 mars). Ce jour-là, notre pratique de la marche est plutôt silencieuse, l’un devant l’autre.
La deuxième journée de marche, tout change. La phase de décantation a produit son effet. Les liens apparaissent. La complexité du système se dévoile. La marche du 2ème jour est différente : elle n’est plus silencieuse. Nous cheminons côte à côte, échangeant, nous interrogeant l’un l’autre, reliant les choses entre elles. A la fin de ce temps, nous sommes alors prêts pour passer à une autre rencontre, tout en étant certains de ne rien perdre de la précédente.
Lors de ce mois d’itinérance, plusieurs fois, nous aurons laissé de côté notre rythme initial afin d’accommoder des contraintes d’itinéraires ou de disponibilités. Si nous n’en savions pas le prix au moment du choix, nous le connaissons maintenant. La décision est prise : nous veillerons, lors des prochaines itinérances, au strict respect de ce rythme 2-1-2-1-2…, qui apparait comme un élément clé de la qualité de nos travaux.