Webinaire 3 : Questions qui se posent… et premières pistes de réponses
Capture du tchat, enrichie des éléments de réponses :
– les questions posées par l’InsTerCoop et les réponses des participants ;
– les questions des participants et les réponses apportées dans les jours qui suivent par l’InsTerCoop.
Ce que vous retenez d’essentiel de la session précédente ?
- Coopérer c’est l’idée d’une œuvre commune, c’est un projet en soi
- La révélation de “co-auteur d’une oeuvre commune «
- L’idée de la coopération avant le projet ou coopération comme projet en tant que tel, que l’intention de coopérer est un sujet en soit qui permet l’engagement.
- J’apprécie les notions que vous développez, qu’elles chamboulent pas mal mes acquis et mes certitudes, notamment, en tant qu’architecte urbaniste, la primauté du projet comme catalyseur et fédérateur des énergies. L’image de la Cathédrale où chacun s’efface devant, oeuvre qui motive et structure la coopération entre les co-auteurs peut être, aussi, vue à l’envers: la Cathédrale ne serait qu’une occasion de pratiquer la coopération. La coopération comme un besoin premier qui devrait trouver un support pour s’exprimer, cela change bien des choses…
- Le « Dans » le « Je » , le « Nous » j’ai entendu aussi passer du « On » illusion au « Nous » grâce à l’échange des représentations et au » Je » qui fait vivre le « Nous »
- Surtout tout ce qui comporte le terme « territoire » dans votre définition. Je n’y prêtais pas attention consciemment, malgré ma pratique. Le « je » et « nous » m’était beaucoup plus familier.
- Conscientisation plus claire des deux types de compréhension (celle intellectuelle, objective et celle intersubjective, la compréhension humaine)
- L’importance des signaux faibles comme autant d’aide à la compréhension humaine : déjà être à l’écoute de ses propres signaux faibles (plus que de décoder ceux des autres)
- Coopérer nécessite d’être à l’écoute des autres mais aussi et surtout de soi-même : pas pour assouvir nos moindres envies mais bel et bien pour prendre conscience de nos auto-limitations, nos préjugés et tout ce qui nous empêche de conscient ou d’inconscient, d’établir un cadre coopératif. Coopérer = introspection = mise en œuvre d’un projet collectif
- La place de l’implicite dans les processus de coopération. L’importance d’être à l’écoute de l’implicite, ce qui n’est pas dit. L’implicite est élément du Nous.
- L’écoute des signaux est au centre du processus de coopération.
- Mettre des mots sur l’implicite, et la différence entre les outils (qui peuvent permettre de découvrir l’implicite), de l’implicite lui-même.
- Faire des excursions vers les implicites sans non plus en faire un dogme
- Prendre l’autre là où il m’indique qu’il est et non là où je pense qu’il est, ni là où je veux qu’il soit.
- Pour vraiment coopérer il faut accepter de donner une vraie place à l’autre.
- Apprivoiser collectivement les récursions. Confirmation que les signaux faibles peuvent constituer des points forts
- A creuser les récursions qui pour moi sont des boucles fermées ou ouvertes, suite à des appels à des sujets sur lesquels on travaille et qui par ces appels les modifient entrainant de nouveaux équilibres dynamiques.
- Le focus sur l’importance de penser la complexité. Le monde ambiant fonctionne justement à l’inverse : jugements partiaux, à l’emporte-pièce sur les réseaux sociaux, pamphlets dont le principe est justement le contraire : simplifier le réel pour choquer, convaincre avec les tripes… merci pour cette saine sagesse !
- J’aime beaucoup décomposer les mots, en voici quelques-uns que vous m’avez décomposé : « indiscipliné » (ne pas se cantonner à une discipline), « implicite » (entre les plis), « coopération » (co-auteur d’une même œuvre), « emploi » (plier à).
- Différenciation de ce que j’appellerai (peut être maladroitement) « les niveaux d’implications » : auteur/acteur/agent
Ce que vous a apporté le temps d’introspection à 4 ?
- Un partage des motivations permet de comprendre que beaucoup de personnes sont prêtes à remettre en cause leurs manières de faire. On ressent de l’émotion dans ce que cela suscite comme espoir » de faire les choses » que les personnes et les organisations attendent.
- Le fait de pouvoir exprimer ce que j’attends et d’en avoir un retour rapide d’accord et d’écoute des autres me permet de me sentir entendue, reliée.
- Ce temps permet de se sentir acteur et en mouvement.
- Ce temps m’a permis de vérifier que la coopération se travaille en amont et qu’elle s’organise dans un cadre, c’est justement ce dont j’ai besoin de peaufiner, plus exactement de travailler. Comment poser ce cadre de réflexion ? J’ai pu noter également que les personnes étaient tout comme moi (il n’y a pas de hasard…) issues de l’univers des Collectivités (que je vais quitter prochainement pour travailler dans le champ de l’insertion par l’emploi, mais je suis toujours intéressé par votre formation).
- Délicat pour moi qui n’ai pas de caméra, mais j’ai aimé rencontrer des personnes qui participent à la même formation. C’est une amie qui m’a fait part de cette formation et c’est une découverte pour moi.
- Plaisir de discuter avec des participants très différents
- Beaucoup de plaisir à ces amorces de rencontres plus incarnées. Surprise par la diversité des points de vue.
- L’interaction augmente mon implication, la concentration. L’écoute des autres qui aide à formuler / mettre des mots sur des sensations diffuses
- Poser mes intentions et les partager … un JE vers le NOUS
- La joie de constater ce lien à l’autre, et qui ne cesse de m’étonner à chaque fois que cela se produit. C’est-à-dire la « facilité » avec laquelle on arrive à se lier à d’autres sans les connaître avant, les points communs que l’on se trouve dans un délai si court.
- Un effet miroir à retardement de la façon dont j’ai mené et dont j’ai participé à l’introspection du collectif dans lequel je suis. Et plus largement de ce qu’il a pu se jouer pour moi à cette occasion.
- Le cadre m’a apporté une illustration concrète de vos propos (Comment mettre en place le cadre : Ne pas énoncer le résultat attendu mais la méthode pour arriver à celui-ci), j’ai compris la différence entre le résultat (par exemple « se respecter »), et le moyen (par exemple « l’absence de réponse est une réponse »).
- Cela m’a apporté de la joie par l’échange, (de par l’écoute de ce qu’apportent ces webinaires pour les autres participants), et de l’implication (de par l’expression de son ressenti, l’expression de soi).
- Le temps d’introspection était court. Grace au fait que mon micro ne fonctionne pas, j’ai pu écouter deux des autres, une jeune femme qui fait partie de l’équipe d’appui d’une CAE, et un homme qui est, si j’ai bien compris urbaniste. Tout en écrivant sur le chat, avec des commentaires oraux de la jeune femme. Le quatrième n’a ni écrit, ni parlé, je ne sais pas pour quelle raison. Comme tout échange, cela élargit les pensées.
- Un temps de plus grande proximité (qui pallie à un des problèmes de la formule webinaire), mais qui est peut-être accentué par le fait que 3 de nous vous connaissaient déjà, et la 4e est présente via sa fille qui lui a parlé de votre démarche ) un sentiment d’échange et de rencontre. La découverte d’autres approches ou questionnement : l’une de nous a exprimé des ressentis en terme corporel. Le sentiment de préoccupations ou d’envies communes.
- Je suis toujours « bluffé » par la capacité à nous connecter, à créer du lien alors que quelques instants auparavant nos ne nous connaissions pas. Je suis toujours émerveillé par cette capacité innée de « Re-connaissance ».
- La joie de s’écouter, après une petite appréhension de départ, constater la facilité à dire
- De belles rencontres et verbaliser ma motivation profonde à suivre ce webinaire
- Une bonne illustration de l’importance du je pour commencer à construire le nous – et toujours l’intérêt de proposer d’expérimenter / faire vivre et ne pas rester au théorique / mental
- Un moment d’échange franc où on se rend compte qu’on est plutôt tous ‘de la même tribu » car nos valeurs, envies, aspirations se recoupent dans les échanges.
- Sympathie immédiate bien que nous ne nous connaissions pas. Écoute de l’autre = mise en disponibilité, échanges sur nos motivations très proches… En fait : comprendre comment on peut coopérer avec succès
- J’ai fait l’exercice seule en replay et c’était quand même intéressant cet exercice individuel
- Le temps limité est stimulant.
Questions des participants / Pistes de réponses de l’InsTerCoop :
Où trouver « la pensée complexe pour les nuls » ou quelque chose comme ça ?
« L’introduction à la pensée complexe » (E. Morin) est un petit livre en poche très accessible (cf. bibliographie)
Comment se fait la préparation de votre chemin de contact en contact lors de vos marches, sont-ils préparés à l’avance ? Est-ce que ce sont eux qui déterminent votre marche ?
Les itinérances de l’Observatoire de l’Implicite sont toujours préparées à l’avance et oui, c’est l’agenda de nos rencontres qui déterminent notre parcours. Une FAQ sur l’Observatoire de l’Implicite est ici.
Une description claire des 9 phases ? Pourquoi 9 ?
Nous ne parlons pas de 9 phases, mais de 9 temps. Une phase laisse à penser qu’une fois qu’elle a un début, une fin, et une séquence qui suit. Or, ces 9 temps sont en permanence nécessaires au processus coopératif. Nous devons être capables de les vivre régulièrement. Ils correspondent à des besoins fondamentaux dans l’inter-relation : la disponibilité, le lien, le cadre, l’introspection, la déroute, les positions de perception, la maturité coopérative et le retour nourrissant.
La météo – c’est presque une marque du « parfait animateur » que de faire une météo et cela a donc le don de m’énerver 😉 Je préfère discuter à bâtons rompus de comment on se sent, de ce avec quoi on arrive dans le groupe plutôt que de se forcer à utiliser des métaphores météo qui versent parfois dans le développement perso, voire le bisounours ! Ma question : à quoi sert la forme météo ?
Vous décrivez là une forme codifiée qui perd son sens. Le sens de ce temps est bien celui que vous décrivez dans votre question. Tout est dit et nous ne pouvons qu’abonder.
Le cadre – j’ai appris (mais tout cela est subjectif !) que l’animateur est garant du cadre mis en place collectivement. Je n’en suis pas convaincue car on ne peut empêcher les éclats, les rancœurs implicites, les vieilles histoires entre les gens présents…. Vous n’avez pas du tout abordé la question du garant du cadre. Est-ce parce que vous pensez qu’on n’en a pas besoin si on se concentre comment nous allons faire plutôt que les résultats du cadre ?
Nous préférons effectivement, dans une démarche où nous sommes tous co-auteurs, apprendre à devenir tous garants du cadre. Mettre sur les seules épaules de l’animateur cette fonction peut devenir déresponsabilisant et finalement aller à l’encontre de la coopération.
Comment poser un cadre sans tomber dans des formes d’injonctions ? En ne formulant pas le cadre sous forme d’injonction (faire ceci, ne pas faire cela) : soyez bienveillant, ne jugez pas, faites-vous confiance… mais en espace de liberté : toute réponse est valide, libre de ne pas répondre, de comprendre les mots comme je les entends, de parler de ce que je ressens…
Les étapes de « Disponibilité » et de « Décantation » sont des étapes de coopération uniquement à destination des différents « je » ?
Pas uniquement ! Comme tous les autres temps, ils sont à la fois dans le « je » et dans le « nous ». Par exemple, nous avons déjà pratiqué une marche d’approche avec toute l’équipe de CODIR d’une PME, préalable à une réflexion de fond sur leur processus coopératif. Nous pratiquons également régulièrement nos marches de décantation avec les personnes rencontrées, ou nos accompagnants.
« Un point de vue n’est autre que la vue d’un point », je ne crois pas bien comprendre l’image envoyée (et je crois comprendre qu’elle a pour vous une importance particulière). Autrement dit ça voudrait dire, « Tout point de vue est subjectif » ?
Oui, effectivement tout point de vue est subjectif. Et on ne voit que ce que l’on regarde, et rien d’autres. D’où l’intérêt des questions déroutantes et du changement de position de perception pour envisager un angle de vue différent.
Je n’ai pas bien saisi la différence entre 2 étapes (se dérouter et positions de perception). La raison d’être des 2 est la même. Est-ce que de la 1ère découle la 2ème ?
Les deux temps amènent à faire des pas de côté, à regarder les choses autrement. Les mécanismes ne sont pas les mêmes. La « déroute » amène à entrevoir des parts de moi que je n’ai pas encore envisagé. Elle révèle ainsi de l’implicite. Elle est plutôt introspective. Les changements de positions de perception amènent à entrevoir d’autres angles de vue, une ouverture au point de vue de l’autre, à l’implicite de l’autre.
Selon vous, à quel point est-ce important de conscientiser l’apport en savoir d’une formation, d’un échange, d’un projet sur l’instant ?
Ce qui n’est pas conscientisé n’est pas utilisable. La prise de conscience est le point de départ d’un apprentissage. Le retour nourrissant à chaud va mettre en conscience ce qui peut être utilisable tout de suite et de commencer le chemin. Bien sûr, beaucoup d’autres apprentissages restent en germination jusqu’à ce qu’une situation les mettent en conscience. Le tout est de démarrer ce processus.
Comment faire pour savoir si la décantation a été suffisante ?
Toi seul peut le dire 🙂 Et est-ce définitif ? Mais ce n’est pas la tête qui le dira, c’est plutôt l’intuition.
Quels sont les effets possibles de la décantation ? Appropriation, rejet, ajustements… ?
Tout ça oui, et le discernement (à ne pas confondre avec jugement). Le processus de décantation s’illustre bien avec l’analogie de la digestion : métabolisation qui va apporter intégration et appropriation de ce qui est utile, et évacuation de ce qui ne l’est pas.
Aborderez-vous la question de l’institution comme dimension du territoire et donc partie prenante des récursions ?
Effectivement l’institution est un territoire, avec son implicite (l’organisation informelle par exemple, les traditions, etc). Lorsque nous parlons du « dans », nous faisons référence au « milieu » : l’institution en fait partie.
Je suis tout à fait d’accord avec le fait qu’il faut prendre l’autre là où il est, mais cela met parfois les membres de certaines institutions en souffrance.
S’il y a mise en souffrance, n’est-ce pas le signe d’une incompréhension de ce que « prendre l’autre là où il est » signifie. Elle vient souvent de prendre l’autre là où on souhaiterait qu’il soit, ou là où on pense qu’il est.
Un processus, des temps, se dérouter, être capable d’écouter mes signaux faibles… La douleur au ventre : en suis-je capable ?
Oui ! Chacune et chacun de nous en sommes capables. Ce n’est pas une injonction. Nous avons tous besoin d’apprivoiser cette capacité. A petits pas…