Institut des Territoires Coopératifs

31 octobre 2018 – 3 principes de la pensée complexe

Lorsque les choses sont « tissées ensemble » (l’étymologie de complexité), il n’y a pas d’autres choix que d’associer chacun des acteurs, dans une démarche transverse et transdisciplinaire, donc de coopérer. C’est pourquoi nous présentons souvent la coopération comme l’expression sociale de la complexité. Et il est alors naturel, et même indispensable, de mobiliser la « pensée complexe » pour éclairer et comprendre la coopération.

La démarche de l’Observatoire de l’Implicite mobilise un des principes de la pensée complexe, celui de récursion. Le principe de récursivité consiste « à envisager tout produit comme un producteur ou, en d’autres termes, toute cause comme une conséquence » (Ousama Bouiss, Université Paris Dauphine – PSL). Par exemple les hommes façonnent le territoire qui les façonne. Le territoire se retrouve ainsi dans son habitant, et vice et versa. De la même manière, les personnes produisent des collectifs, qui eux-mêmes transforment les personnes. Le protocole de l’observatoire est construit pour prendre en compte les trois niveaux (personne, collectif, territoire) et les récursions entre chacun de ces niveaux puisque ce sont ces récursions qui produisent et organisent les systèmes.

Le concept de maturité coopérative mobilise un deuxième principe de la pensée complexe : celui de dialogie. Une dialogie c’est l’unité symbolique de deux logiques, logiques qui s’appellent l’une l’autre, qui ont besoin l’une de l’autre et qui en même temps peuvent s’opposer l’une à l’autre. Deux logiques, deux polarités, qui peuvent donc être à la fois complémentaires, concurrentes et antagonistes. Les 12 principes d’actions qui permettent le développement de la maturité coopérative sont tous dialogiques. Par exemple, entre diversité et unité, ou entre les questions qui se posent, et les réponses à apporter.

Lors de cette itinérance, nous explorons un troisième principe de la pensée complexe : le principe hologrammatique. « Le principe hologrammatique exprime que dans certains systèmes complexes la partie est inscrite dans le tout et le tout est inscrit dans la partie » (Morin & Le Moigne, 1999). Par exemple, la graine est dans l’arbre… et l’arbre est dans la graine. À chaque rencontre, les collectifs que nous rencontrons mettent en évidence le caractère hologrammatique des 12 principes d’action de la coopération : on part de l’un, en tirant le fil on arrive à un autre, et en continuant ainsi on arrive à un troisième… Les principes d’actions sont hologrammatiques : ils sont tous les uns dans les autres.

Cela nous amène à reconsidérer la question de recherche que nous avions formulée comme suit, à l’élaboration du projet MCDR : « Nous savons que les projets coopératifs traversent tous quatre moments, souvent de façon non-linéaire, et parfois concomitante. Nous souhaitons que les nouvelles itinérances de l’Observatoire de l’Implicite permettent de déterminer la pertinence de chacun des 12 principes d’action au regard de ces moments : émerger, croître, transmettre, polliniser. »

Or, si les principes d’action sont hologrammatiques, cela n’a pas de sens de chercher à les dissocier pour les rattacher à des moments particuliers de la vie d’un collectif. Ce n’est donc pas la pertinence du principe d’action en rapport au moment qu’il y a lieu d’étudier, c’est si un moment rend un principe d’action plus visible que les autres aux yeux des acteurs.


Notre étape du jour : nous restons sur Langres et prenons le temps de découvrir la vieille ville et Diderot sous la neige.

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L'InsTerCoop est un laboratoire d’action-recherche sur le processus coopératif, et un centre de ressources et de ressourcement au service des personnes, des organisations et des territoires pour croître en maturité coopérative et faire de la coopération une source de développement et d’épanouissement.