Institut des Territoires Coopératifs

Webinaire 1 : Questions qui se posent… et premières pistes

Dans le tchat du webinaire, les participants ont posé des questions. Nous y répondrons peu à peu, sur l’ensemble du cycle : la plupart des réponses vont se clarifier à l’occasion des 4 webinaires restants. Néanmoins, vous trouverez ci-après quelques premières pistes de réponse.

Quelle différence entre œuvre et projet ?
Écoutez la vidéo de Patrick Viveret sur co-œuvre. En prolongement de cette vidéo, l’un des participants proposait « L’œuvre est reliée à des valeurs ? Le projet est lié à l’action ? ». Nous aborderons dans le Webinaire 2 la question de l’implicite, qui permet de mettre le doigt sur la différence entre les valeurs proclamées, et les valeurs vécues…

J’ai l’impression que la coopération est plus facile entre personnes d’un même milieu social, cela se vérifie t’il par la pratique ?
Elle semble plus facile car il y a plus de représentations communes et le danger est de nous donner l’illusion de coopération. Lors du Webinaire 2 nous aborderons la question de l’implicite. La clé de la coopération va être d’apprendre à explorer l’implicite, et à partager nos représentations et nos subjectivités.

Peut-on parler de coopération entre plusieurs groupes d’idées ou de pensées si la coopération est entre individus ?
Les communautés de pensée rapprochent effectivement des individus et facilitent ainsi la coopération. Mais elle ne se développera que si les personnes le décident en conscience.

Comment convaincre ceux qui sont sceptiques (dont certains élus) sur ce type d’approche, d’apprendre à coopérer ? Comment amener les membres du collectif à prendre conscience de l’importance d’apprendre à coopérer ?
Effectivement, on n’apprend pas grand-chose tant qu’on ne le décide pas. Et expliquer et chercher à convaincre fait rarement avancer celui qu’on voudrait voir bouger. Expliquer n’est pas communiquer… Nous en reparlerons tout au long du cycle.

La question qui m’intéresse c’est la géométrie variable. Comment l’aborder ?
Qu’entendez-vous par « géométrie variable » ?

Quels outils pour travailler notre coopération ?
Il va falloir attendre les webinaires 2, 3, 4 et 5 🙂

Y aura-t-il moyen de favoriser la coopération entre les membres de ce webinaire, pour ceux qui seront intéressés…
L’InsTerCoop cherche peu à peu à évoluer d’un centre de ressources sur la coopération vers un centre de ressourcement, qui permettrait à des acteurs de terrain de se régénérer, d’échanger leurs pratiques, d’essaimer… C’est encore un peu flou, mais cela semble répondre à un réel besoin. À suivre…

Les associations sont toutes en mal de renouvellement d’administrateurs. Le problème n’est-il pas dans le fait qu’après que les membres fondateurs sont partis, le but, l’objet et les statuts ne sont plus « œuvre commune ». Dans ce cas, comment la coopération peut-elle relancée ?
La question du renouvellement est directement liée à la maturité coopérative. Nous verrons cela lors du webinaire 4 notamment, avec certains principes d’action qui jouent un rôle déterminant dans la capacité d’un collectif à se renouveler. C’est également lié à la capacité du collectif à faire évoluer l’œuvre commune en permanence, au gré des entrées et sorties. Rien n’est fait une fois pour toutes, et tous les processus que nous allons découvrir sont dynamiques et doivent être revisités et réactualisés en permanence. Y compris la notion même de « fondateur » qui a sa place au début mais devient souvent un frein si elle empêche cette actualisation.

Comment coopérer au sein d’une structure avec toutes les règles, hiérarchies installées de façon formelle ou non ?
Ce ne sont pas les rôles qui coopèrent, mais les personnes. Rien n’empêche des personnes de coopérer, tout en « faisant avec » leur rôle et le cadre dans lequel elles opèrent. Décider de coopérer implique de regarder ensemble son propre rapport à la règle et à la hiérarchie, formelle et informelle (nous parlerons d’implicite) : quelle représentation en ai-je, en avons-nous ? Quels enjeux naissent à cet endroit ? Nous reprendrons cela lors du webinaire 4.

Comment faire œuvre commune quand on est insécurisé-e-s par un contexte économique très incertain et avec pourtant la nécessité de « gagner sa vie » ?
Peut-être pourrions-nous prendre la question dans l’autre sens : en quoi faire « œuvre commune » peut permettre de lever les sentiments de peur et d’insécurité liés à un contexte difficile. Nous pensons que la coopération et le fait de gagner en maturité coopérative, sans modifier le contexte, permet de le vivre différemment. C’est en cela que la coopération peut être source de résilience, et de développement. Nous allons tenter d’apprivoiser ensemble ces notions là au long du cycle.

Y a-t-il une dimension culturelle et géographique (territoire enclavé) qui favorise ou pas la coopération ? Plus facile dans la haute vallée de l’Aude que dans le territoire de Saint-Dié-des-Vosges dans l’émergence d’un PTCE
Notre travail a permis de voir très clairement des « homologies » entre territoire et comportement. Ce sont les récursions que nous verrons notamment lors du webinaire 2. Mais gardons-nous de classifier les territoires entre ceux qui seraient « prédestinés » ou « condamnés ». Au contraire, nous avons vu que l’enclavement ou l’isolement par exemple avait permis à des territoires de développer des capacités particulières. La clé se situe dans la compréhension des caractéristiques intrinsèques de mon territoires, et de nous en saisir individuellement et collectivement, et ce, quelles que soient ces caractéristiques. Les caractéristiques clés sont le plus souvent non-pensées et implicites. S’en saisir requiert de développer la « compréhension humaine » dont nous parlerons dès jeudi prochain.

Si ce ne sont pas les objectifs partagés qui nous lient et nous permettent d’avancer. Qu’est qui nous permet d’avancer dans une direction ?
Notre propos est surtout de prendre garde au caractère éventuellement réducteur de ces objectifs dits partagés ; le plus souvent, ils ont été définis de manière purement rationnelle. Or, ce qui donne la motivation à avancer dans une direction, ce sont les raisons d’être de chacun dans ce projet : qu’est-ce que le fait de participer à ce projet nourri pour chacun, personnellement. Ces premiers éléments de réponse sont partiels, et nous devrons y revenir tout au long du cycle.

Le conflit et la coopération ne peuvent-ils pas fonctionner comme le yin et le yang ? Et s’enrichir, faire émerger des représentations nécessaires pour avancer ?
Nous vous proposons de répondre ensemble à cette question lors des webinaires 4 et 5. Nous proposerons notamment d’apprendre à « penser dialogique »…

Même avec la volonté politique on ne peut pas coopérer sans les citoyens
… et donc si l’on veut effectivement coopérer, comment prend-on en compte l’habitant… C’est une compétence nouvelle que les élus, les services de l’État, ou les agents territoriaux doivent développer. Leur rôle évolue. L’InsTerCoop travaille de plus en plus avec le CNFPT par exemple sur ces notions.


Et pour les questions suivantes, rendez-vous à la fin du mois. Nous avons besoin de poser plus de clés de compréhension pour pouvoir y répondre :

Comment démarrer ? (d’autant plus dans ce contexte) est vertigineuse et angoissante aussi

Comment passer de l’animation à la coopération ?

La coopération doit-elle être permanente pour fonctionner on peut-on alterner entre logiques coopérative et non-coopérative ?

L'InsTerCoop est un laboratoire d’action-recherche sur le processus coopératif, et un centre de ressources et de ressourcement au service des personnes, des organisations et des territoires pour croître en maturité coopérative et faire de la coopération une source de développement et d’épanouissement.