8 octobre – PETR du Pays du Bocage
Domfront-en-Poiraie (Orne) – Rencontre avec les acteurs du PETR (Pôle d’Equilibre Territorial et Rural) du Pays du Bocage…
Son action
Un Pôle d’Equilibre Territorial et Rural ou PETR est « un établissement public regroupant plusieurs établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre associés dans un périmètre territorial non enclavé sous la forme d’un syndicat mixte. Sa création, en janvier 2014, est envisagée comme le pendant du dispositif de pôle métropolitain, dans le sens où il permet la coopération entre des territoires ruraux et des petites et moyennes villes. » Il est constitué de 3 instances : un conseil syndical qui prend en compte le poids démographique de chaque établissement public de coopération intercommunale, une conférence des maires et un conseil de développement territorial, réunissant les représentants des acteurs économiques, sociaux, culturels, éducatifs, scientifiques et associatifs du territoire (source Wikipédia). Le PETR du Pays du Bocage couvre l’ouest de l’Orne. Son territoire compte 86 communes et environ 90 000 habitants. Dans le cadre de ses missions d’ingénierie territoriale, le Pays du Bocage accompagne les porteurs de projets publics ou privés dans leur démarche de création et de développement. Le Pays du Bocage est également l’autorité de gestion pour le programme LEADER, programme européen en faveur du développement rural qui permet de financer des projets structurants sur le territoire (source site du PETR http://petr-paysdubocage.fr/).
Ce qu’ils retiennent de la journée
Des résonances avec nos travaux
Avec tous les collectifs que nous rencontrons désormais, nous reprenons dans notre journal d’itinérance trois points clés que la rencontre a permis d’explorer et de questionner.
Quelle représentation avons-nous du mot coopération ? Notre rencontre au PETR, comme d’autres avant elle, met en lumière un écart de représentation. Dans le règlement d’intervention du programme LEADER géré par le PETR, une ligne budgétaire est ouverte via la sous-mesure 19.3 pour la « Préparation et mise en œuvre d’activités de coopération » et particulièrement de projets interterritoriaux et transnationaux. Au PETR, le terme de « coopération » résonne comme un dispositif. A l’InsTerCoop, il fait référence au processus qui amène des personnes à devenir co-auteures d’une œuvre commune, qu’il s’agisse de projets entre structures, aussi bien que de projets de développement local qui impliquent par nature des acteurs multiples. En limitant le champ de la coopération à la qualification d’une mesure ou d’un type d’action, on risque d’oublier de faire vivre le processus coopératif en tant que tel. Ce faisant, ces projets de « coopération » ne sont plus (pas) forcément « coopératifs » puisque la coopération n’y est pas nécessairement étudiée et construite en elle-même et pour elle-même (voir notre chronique du 30 septembre). Nous voyons là le risque d’institutionnaliser la coopération, ce que nous avions déjà pu voir au GAL de Haute Mayenne (voir la rencontre du 3 octobre).
Au PETR, notre rencontre a été marquée par la notion d’implicite et les mécanismes qu’engendre sa non-prise en compte. Comme la mesure 19.3 dont nous parlons ci-dessus qui « implicitement » définit le cadre de ce que coopération veut dire, nos interlocuteurs ont mis à jour plusieurs manifestations de ces mécanismes implicites. Par exemple, sur un projet de coopération transnationale, l’appréhension que le projet ne soit pas pris au sérieux pour ce qu’il est réellement, et la pression que les acteurs se mettent sur eux-mêmes pour produire des livrables rapidement… au risque de ne pas prendre le temps de la réflexion initiale pour doter le projet de bases solides. Ou bien la place prise « implicitement » dans le pilotage du projet par la personne qui maîtrise le mieux la langue d’échanges avec les autres participants… au risque d’en réduire la dynamique de coconstruction. Dans ces exemples, la non-prise en compte de tous ces éléments implicites vient déséquilibrer la dialogie entre objectif et contrainte, ou celle entre la place qu’on prend et celle qu’on laisse. On en arrive à faire ce qu’on avait souhaité ne pas faire.
Enfin, nos échanges ont montré le rôle fondamental et puissant du questionnement, pour mettre en lumière l’implicite, pour impliquer l’autre en lui donnant une place en l’interrogeant, plutôt qu’en lui expliquant (comme Bernard l’évoque dans la vidéo), pour envisager les angles morts et faire les bons diagnostics (comme Eric le souligne dans la vidéo parlant du retour d’expérience), ou pour distinguer nos désirs de nos besoins… Et pour que le questionnement soit effectivement utile, il doit (au moins) répondre à deux exigences : être réflexif (amener à se questionner soi-même), et mettre en mouvement, amener à faire des pas de côté pour sortir du « déjà pensé ».