Institut des Territoires Coopératifs

Webinaire 2 : Questions qui se posent… et premières pistes de réponses

Capture du tchat, enrichie des éléments de réponses :
les questions posées par l’InsTerCoop et les réponses des participants ;
les questions des participants et les réponses apportées dans les jours qui suivent par l’InsTerCoop.

Bonjour de Saint Laurent d’Agny, de la Mayenne, de Joinville en Haute-Marne, du Maroc, de Lausanne, de la banlieue, du Gers, d’AVIGNON, de Paris, de St Dié des Vosges, de Bretagne, des Mauges, du Val de Loire, du Pas-de-Calais, en Ariège, du Saumurois…

  • Ce que je retiens du Webinaire 1 :
    • La coopération, ça renforce !
    • Coopérer : être co-auteur d’une œuvre commune
    • 3 dimensions à la coopération : 1) co-auteurs = action, réflexion et décision commune 2) œuvre = qui déploie l’individu 3) commune = ce qui appartient à tous et à chacun
    • Ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui coopèrent !
    • La coopération est l’expression sociale de la complexité
    • L’œuvre commune accepte que les motivations soient différentes
    • La coopération comme finalité plutôt que comme moyen
    • Co-opérer (co auteur de l’œuvre) différent de co-laborer (travailler ensemble)
    • Pas de leader même si dans les collectivités « on aime » bien avoir des leaders…
    • Changement des paradigmes
    • La réussite du projet dépend de la qualité de la coopération
    • Coopérer est une attention au long cours au processus de coopération
  • Les exemples d’implicite… et de signaux faibles des participants :
    • Des intérêts parfois cachés ou non-dits
      [Note InsTerCoop : l’implicite concerne les non-dits non-pensés, et non pas ceux qui peuvent être tus consciemment]
    • Un jargon qui est sensé être partagé
    • Les projections sur autrui, dues à nos blessures, à nos préjugés, nos stéréotypes, nos loyautés, etc.
    • Les peurs et les projections qui enferment l’autre et soi-même
    • Nos attentes qui vont différer suivant nos statuts cadre angle de vue
    • Valeurs fondamentales non partagées (ex solidarité/intérêts individuels)
    • Les représentations culturelles, sexuées
    • Des différences de culture (dont dans le pays) : dire franchement les choses / dire les choses de façon détournées ou ne pas les dire
    • Pour une même tâche : niveau de détail à fournir différent selon les personnes
    • Pour des autorités politique : faire coopérer sur uniquement sur des sujets où elles ont capacité d’agir…
      [Note InsTerCoop : sans l’avoir même conscientisé]
    • L’implicite peut être notre histoire personnelle.
    • Les architectures invisibles : croyances, le champ sémantique utilisé, l’organisation de l’espace de coopération…
    • Les rituels dans la relation
      [Note InsTerCoop : nous les appelons nos pilotes automatiques]
    • Les valeurs communes
      [Note InsTerCoop : ou que l’on croit commune, tant qu’elles restent implicites]
    • Quand je dis que « il fait beau temps » implicitement je dis « à mon avis, il fait beau temps ». Chaque fois que je déclare ce qui semble être une vérité, il s’agit en fait d’un avis, d’un point de vue et seulement ça.
      [Note InsTerCoop : nous aimons bien cette phrase : un point de vue n’est rien d’autre que la vue d’un point]
    • L’évitement des conflits a généralement ses racines dans nos mémoires émotionnelles qui restent à mettre en lumière.
    • Tout ce qui fait la psychologie humaine
      [Note InsTerCoop : L’implicite fait partie de notre condition humaine. D’où l’importance de développer la compréhension humaine]
    • Les appartenances aux partis, aux religions etc…
    • Les malentendus concernant le leadership ou le processus de prise de décision dans une association
    • L’implicite dans son excellence dans l’action = Ce qui est évident pour soi ne l’est pas pour d’autres
    • L’implicite d’une dynamique de groupe, d’une communauté d’usagers etc. = Possibles difficultés d’intégration pour un nouvel entrant qui ne va pas comprendre les « codes » du groupe
    • L’âme des lieux = Des lieux chargés d’histoire
    • Les croyances répétées depuis longtemps
  • Des exemples de signaux faibles cités par les participants :
    • La colère !
    • La crainte
    • L’intuition
    • Un inconfort intérieur peut nous prévenir.
    • Le langage corporel
    • Un symptôme : une émotion qui s’exprime de façon inattendue
    • C’est surtout en situation de fatigue ou de crise que l’implicite est important, on crie, on s’énerve, alors que le problème est ailleurs
    • L’inconfort intérieur en dit long, encore faut-il avoir le courage d’être à son écoute

Questions des participants / Pistes de réponses de l’InsTerCoop :

Est-ce que l’implicite ça peut aussi être ce qu’on fait sans s’en rendre compte ?
C’est surtout ce que l’on fait sans se rendre compte ! C’est-à-dire sans intention particulière.

J’adore cette expression qui dit : « les évidences sont l’ennemi de la communication »
Oui. Et nous ajoutons « tout ce que je sais de l’autre m’empêche de le connaître », et que Claude Bernard exposait par « C’est ce que nous pensons déjà connaître qui nous empêche souvent d’apprendre. »

Pour partager l’implicite, est ce que ça implique de renoncer d’avoir raison ?
Partager l’implicite nécessite effectivement d’accepter nos subjectivités : la nôtre, et celle de l’autre. Cela amène à cultiver le doute et l’incertitude : plutôt que « d’avoir raison », il s’agit de clarifier et d’exprimer « nos raisons ».

N’y a-t-il pas de différence à faire clairement entre l’implicite de l’objet (territoires) et l’implicite des sujets (l’autre et moi-même)

C’est la compréhension humaine qui permet d’accéder à l’implicite, que ce soit l’implicite des objets ou celui des autres sujets. Ne cherchons pas à recloisonner ce que les récursions relient : l’implicite territorial est le plus souvent révélé par les comportements des personnes sur le territoire. Ce sont ces homologies entre territoires et comportements qui nous révèlent l’implicite.

Comment faire avec la personne qui ne verbalise pas ou peu ?
Nous ne pouvons pas faire l’économie de nous remettre nous-mêmes en question : Comment remettons nous-mêmes notre capacité à questionner en cause ? Quels espaces créons-nous qui faciliterons la verbalisation ? Nous verrons cela à partir du Webinaire 3.

Comment faire avec quelqu’un d’aveugle à l’implicite ?
La question n’est pas tant d’amener l’autre à voir l’implicite, que de s’exercer à voir le sien et à le prendre en compte. C’est sans doute la meilleure pédagogie pour amener l’autre à faire de même.

J’aurais la crainte que l’on comprenne que on doit essayer de trouver/deviner l’implicite chez l’autre, cela me parait aux antipodes de l’écoute
Absolument ! Merci pour cette remarque. Voir notre réponse ci-dessus.

Je trouve dangereux de trop nous focaliser sur le non verbal car nous allons projeter nécessairement nos interprétations subjectives sur l’autre et donc je ne suis plus dans l ‘écoute. Que signifie avoir les bras croisés, à part répéter les clichés lus ou appris. Personnellement, je n’interprète pas ce geste, je préfère la reformulation.
Absolument ! Merci encore pour cette remarque. Voir notre réponse ci-dessus : il s’agit d’écouter nos propres signaux-faibles, révélateur de notre non-verbal, et éventuellement de s’en servir pour questionner l’autre.

Pour coopérer, il faut donc se préparer individuellement et collectivement et rester en position « méta » pendant Le processus ?
Il ne s’agit pas de « rester » en position méta car cela nous empêcherait surement d’agir ! Mais de savoir garder des temps pour se mettre collectivement en position « meta », c’est-à-dire prendre de la hauteur pour se regarder faire. Nous verrons des manières de se mettre en « meta » lors du Webinaire 3.

Peut-on garantir cette capacité à observer l’implicite et les signaux faibles lorsque l’on est personnellement impliqué, sans tiers intervenant ?
Croître en maturité coopérative, c’est notamment être en capacité de faire cela sans tiers facilitateur. Le tiers facilitateur peut-être aidant pour l’apprentissage, mais se doit de « disparaitre » à terme. Certains groupes que nous connaissons ont aujourd’hui la maturité pour savoir quand ils ont besoin d’un tiers, et quand ils sont capables sans faire sans.

  Pourquoi laissez-vous la CNV dans les feuilles ? personnellement, je trouve que c’est un outil pour être mieux à même de dire nos implicites. Donc plutôt aux racines. La CNV m’aide beaucoup à comprendre l’implicite qui risque de m’amener à projeter sur l’autre ce qui m’appartient.
La CNV est un outil extrêmement utile et puissant. Elle aide précisément à découvrir son propre implicite et relier « les racines et les feuilles » ! Mais comme tout outil, elle peut être mal utilisée et peut alors devenir un outil de pouvoir. Cette réponse s’applique également à la PNL. Ces outils sont d’autant plus à manier avec des pincettes qu’ils sont puissants et destinés à la relation humaine. Certains participants en témoignent :
Jean: Bien d’accord sur la CNV qui peut devenir un outil de pouvoir
Do : Sur la CNV, oui je l’ai vu aussi très dangereux : la certitude de comprendre puisque utilise CNV donc j’ai raison
Anne : La PNL comme la CNV peut devenir instrument de pouvoir, cf. les questions sur le non verbal

Dire mes implicites quand j’en éprouve le besoin parfois ouvre des portes : d’autres peuvent dire le leur, mais parfois en ferme : il y a des choses dont on ne parle pas
Nous croyons qu’exprimer son propre implicite n’a jamais fermé de porte. Nous n’en avons à ce jour jamais fait l’expérience. Si l’expression ferme des portes, sans doute était-elle chargée de jugement, d’interprétation, ou mettait-elle en cause des tierces personnes. Ajoutons que chacun n’exprime que ce qu’il souhaite exprimer !

Quoi faire après avoir observé l’implicite ?
A ce stade, nous sommes dans la compréhension du rôle de l’implicite dans le processus coopératif. A suivre…

Est-ce qu’on peut dénaturer l’implicite en le rendant visible ?
En le rendant visible non, mais en l’interprétant, oui certainement ! Surtout s’il s’agit de tenter d’interpréter celui de l’autre.

Un participant nous dit : la question du JE de l’individu vient à contre-courant de la culture institutionnelle où c’est l’acteur institutionnel qui prime sur son représentant qui est réputé interchangeable. Alors qu’un autre nous dit : Je ne suis pas un JE, je représente mon organisation
Noussommes à la fois un individu singulier (ce que nous sommes), et nous incarnons un rôle, une fonction (ce que nous faisons). Nous verrons qu’il est indispensable de faire vivre ces deux dimensions, indissociables, et qui sont le plus souvent complémentaires mais parfois antagonistes. C’est un des 12 principes d’action de la coopération, « entre rôle et identité », que nous verrons lors du webinaire 4.

La question des égos, qui entravent le processus coopératif.
Derrière l’égo, et le « putain de facteur humain » il y a des enjeux, qui sont le plus souvent implicites. Si ces enjeux restent non-pensés (pour soi-même avant tout) et donc implicites, ils vont se matérialiser dans un rapport à l’autre ou au groupe qui va éventuellement freiner ou même empêcher le processus coopératif. Regarder ses propres enjeux et comment ils affectent notre relation à autrui reste la priorité de chacun.

Comment faire pour s’accorder du temps alors que chacun est pris dans ses propres urgences ?
Nous en avons parlé lors du Webinaire 1 : si le projet a besoin d’une coopération solide, alors nourrir le processus coopératif est l’urgence et la première priorité.

L'InsTerCoop est un laboratoire d’action-recherche sur le processus coopératif, et un centre de ressources et de ressourcement au service des personnes, des organisations et des territoires pour croître en maturité coopérative et faire de la coopération une source de développement et d’épanouissement.